mercredi 11 octobre 2017

ELLE

PROJET PHOTO
Chacun son terrain de jeu, chacun sa façon se s'amuser. Elle, elle s'amuse à se transformer avec des vêtements, elle se déguise, elle danse devant les miroirs des cabines d'essayages...









mardi 19 septembre 2017

PROJET HEAD 1

Genève.
Lundi 18 septembre 2017.
Quartier de Châtelaine, Hippomène.

8h21.
Je traverse des rues étroites et interminables aux immeubles ternes.  Des usines grises quasiment fantomatiques. Avec seulement de petites touches colorées sur les volets.  Ça ne rend pas le quartier plus gaie... Il y a peu de commerces, peu de restaurants, peu de monde sur le trottoir.  Ça m'angoisse. J'ai peur d'arriver en retard. Je ne me sens pas pour autant seule. J'entend des glaxons entêtant, des moteurs infernaux et des bruits de freins stridents. Je regarde mon portable. Il me reste très peu de temps pour espérer être à l'heure.




8h25.
Se mélangent aux vieux bâtiments, de ternes constructions.  Elles sont entourées de grues jaunes et rouges visibles au loin. Autour, des plots fluorescents, et des grilles métalliques. Je ne vois pas les ouvriers qui pourraient travailler. Les grues semblent abandonnées. Les chantiers, paraissent déserts. 
Rien ne bouge. 

8h30. 
Je tourne à gauche. Les bâtiments sont différents; ils sont rouges, jaunes, ont des touches de bleus, de grandes fenêtres... Je découvre des arbres, des pelouses, des espaces plus vastes. J'y respire.  Je traverse un gigantesque parc où le vert dominant contraste avec le grand bâtiment rouge qu'est mon école. Je regarde mon portables. 8h30. Je m'affole. Je cherche désespérément l'entrée avant de m'apercevoir que l'école est fermée. Je finis par m'apercevoir que je me suis trompée de jour. On est dimanche...









samedi 9 septembre 2017

EXPOSITION: LES DECORS DE CINEMA

Jeudi 6 septembre,
14h47.

Mon métro arrive station Lamarck-Caulaincourt. Je suis légèrement endormie, j'ai traversé presque toute la ligne. Je tourne vers la sortie à droite, et j'enchaîne nonchalamment les interminables escaliers. Et là, j'aperçois une rue descendante donnant sur les toits de Paris.

Quelques minutes plus tard, je reçois un sms de V., il est arrivé. Je le rejoins, puis le suis. Il s'est renseigné sur le chemin menant au musée. Les rues montent. Elles sont pleines de pavés. Et encore une fois, je dois monter des escaliers...

J'arrive au musée Montmartre. Il est dans une rue pleine de touristes. J'aperçois le Sacré-Coeur un peu plus loin, c'est le lieu attrape-visiteurs par excellence. Je regarde les tarifs: 9 euros pour les étudiants. C'est cher. J'y vais quand même.

Je débouche sur une cour extérieure avec un jardin typiquement français, un bassin, les soit disant café et balançoire du peintre Renoir. Et à plusieurs endroits une vue sur les toits parisiens. Ho oui, "Paris c'est la plus belle ville au monde". C'est ce que disent tous les touristes Américains après avoir passé une semaine dans la capitale française...

J'entre enfin dans l'expo. Des sortes d'écouteurs nous sont distribués.

Quand on me dit décors de cinéma, je pense "technique", "fonds verts", "scénographie". Mais en voyant que ça avait lie au musée Montmartre, j'aurai dû me douter qu'il s'agirait seulement des décors spécifiques à ce quartier.

L'exposition se divise en fonction des divers endroits de Montmartre : Pigalle, le Moulin Rouge, le Sacré Coeur... Le spectateur y voit des extraits de films, des affiches, des photographies et quelques explications nous radotant que Paris au XIXe siècle est la villes des artistes, des peintres, des écrivains, que c'est très jolie, que tel poète connaissait tel réalisateur et patati et patata...

Bien que j'étais très contente de revoir des extraits de films que j'aime beaucoup mais aussi d'en découvrir de nouveaux, je me suis sentie prise au piège dans un musée à touriste... Il n'est pas tellement expliqué pourquoi tel ou tel lieu a été choisi (si ce n'est que de nous dire qu'il s'agit de la fougue de Paris) ni de nous expliquer des techniques cinématographique mais plutôt de nous faire visiter le quartier à travers des films.

Je sors du musée. Il y a une marée de touriste. Puis, il se met à pleuvoir.

mardi 22 août 2017

DUNKERQUE Critique


CGR Mantes la Jolie. 
21 août.
00h07.

La lumière se rallume. Je relève ma tête de l'épaule de M. . Je frotte mes yeux. Je m'étire. Puis, fini par me lever. 

M. se tourne vers moi. "Alors, t'as bien aimé"? 

                     



Je repense alors à tous mes amis m'ayant dit combien ils attendaient la sortie de ce film. Je me remémore les passages de vidéos de youtubeurs répétant à quel point ce film était "génial". Je regarde alors M. et après une seconde d'hésitation , je dis: "Oui... mais"...

Dunkerque est le dernier film du réalisateur Christopher Nolan.  Il raconte 3 histoires d'hommes au cours d'une bataille du même nom opposant les armées françaises et britanniques à l'armée allemande. On trouve un soldat, un civil et un officier. Tous anglais. La première histoire dure une semaine, la deuxième une journée et la dernière, une heure. Les trois histoires finissant par s'entrecroiser. 

C'est sous tension, que tout le long du film, j'ai suivi une sorte de courte poursuite rythmée par les scènes aussi angoissantes les unes que les autres, la musique stressante,  et tous les  imprévus liés à la guerre ( bateau qui chavire, avions qui envoient des explosifs...). Me demandant alors à chaque fois "et là, il va mourir"? 
 La musique est l'élément jouant le plus ce côté préoccupant . On y retrouve une sorte de "tactactac " semblable au bruit d'un métronome.  Tant qu'elle s'est avérée omniprésente, je n'ai pas pu être rassurée. Un personnage dont on ne peut entendre la voix est un personnage en danger. Et bien que j'adore voir la musique guider les films, le manque de dialogue m'a paru ... ennuyeux. Il est vrai que pendant la guerre, la peur empêche de parler. Je me suis alors demandée si Nolan a voulu jouer sur le réalisme. Pourtant, ça n'est pas toujours le cas:


En voyant un film de guerre, je m'attend toujours à voir un semblant de réalité. Cette guerre étant la plus meurtrière et la plus sanglante que le Monde ait connu je me suis attendu à ce que ce massacre soit reproduit . Mais, je ne me rappelle pas avoir vu une seule goutte de sang, ni une seule cicatrice. Au moins, que dire si ce n'est que ce film est... beau ? On trouve peut être des milliers de soldats mais qu'en est-il des avions par exemples? J'ai du en voir quatre à tout casser. Il en est de même pour les allemands. Quand on pense guerre, on pense affront. Et l'affront nécessite voir un ennemi.

Dunkerque est en effet un long-métrage très esthétique. Avec un effet de caméra "vintage" car tourné en pellicule, de longs plans sur des plages envahit de soldats, des vues de bateau dans une mer quasi déserte...

Avant de voir ce film, j'ai eu comme volonté de suivre un ou des personnages vivant une histoire, des aventures. Sauf qu'on ne sait même pas qui est-ce qu'on peut considérer comme un héros. Trois-quart des personnages n'ont pas de noms. On ne sait rien sur eux si ce n'est qu'ils ont participé à la bataille. Tout cela renforcé par le manque de dialogue. On ne s'attache pas eux. Et quand l'un d'eux meurt, bha on s'en fiche...

BILAN: Je ne dirai pas que Dunkerque est un mauvais film. Au contraire. Je n'ai tout simplement pas adhéré aux partis pris artistiques du réalisateur. Et, j'étais déconcertée de voir un film de guerre ne correspondant pas à mes envies de spectatrice et ma vision d'un film historique.



Je regarde alors M. et après une seconde d'hésitation , je dis: "Oui... mais je suis un peu déçue".  Il me dit que lui aussi. Me prend par la taille, me dit qu'il a faim, me propose un mac do. Il a déjà oublié le film. Ça ne l'a pas marqué. Et moi non plus.

dimanche 9 juillet 2017

MASQUE DE MOCHETÉ ET MASQUE DE BEAUTÉ

Histoire d'une transmutation

Projet maquillage avec et sans. Planches concours la HEAD (Genève). Format A4.
Parfois on se voit comme des monstres avec seulement un petit bouton en trop. Mais on est juste humain au final. Alors, on se créer un masque, un masque à base de fond de teint et mascara. Mais est-e vraiment nécessaire au final ?



             

                                            
Il y a quelques années demeurait en ces lieux un monstre effrayant. Dès qu'il sortait de sa tanière, on rigolait de lui, on appelait au secours et on lui jetait des pierres. Toute l'eau du monde finit par envahir les yeux du monstre qui se replia sur lui même et décida de ne plus jamais se montrer.

Ne supportant plus de voir le monstre aussi malheureux; je décidai de prendre les choses en main.

Le monstre était transformé. Ne faisant plus peur à personne, le monstre sécha ses larmes et redécouvrit la lumière. Tous les matins, le rituel recommençait et le monstre se métamorphosait.

Seulement, le soir, il reprenait sa véritable nature. N'ayant jamais réellement changé, il finit par n'effrayer plus que lui même.
                         







samedi 8 juillet 2017

LA MOUCHE


 Vendredi 9 décembre. 21h. 
Fatiguée, épuisée, je rentrais à peine chez moi. D’un pas nonchalant, je montais les marches de l’interminable escalier de mon immeuble. Une sonnerie. C’était mon portable. J’ignorais l’appel. C’était la troisième fois. 

A peine avais-je enfoncé ma clé dans la serrure de mon appartement que je vis la mouche. Elle était comme affalée là, sur le sofa, encore une fois. C’était devenue une habitude. 
Elle m’avait remarqué et semblait m’attendre. De ses yeux globuleux, elle me fixait. Je pus entendre son bourdonnement semblable à des reproches. Je roulais alors des yeux et fis mine de ne pas l’avoir remarqué. .Je traversais le salon le plus vite possible pour assister le moins possible au spectacle répugnant qu’offrait l’hideux insecte. Posée sur une grosse part de tarte aux myrtilles, la mouche paraissait se régaler de son gâteau. Elle se jetait dessus sans ménagement . Des miettes recouvrait sa garde robe velue et du jus en dégoulinait. Le canapé était taché, sali. Cette scène m’écoeurait, tout comme la mouche.



























22h.

Plus tard dans la soirée, alors que j’étais dans ma chambre, je réalisais la nécessité d’installer un verrou à ma porte. J’avais à peine laissé celle-ci entrebâillée que la mouche entra. Volant d’un point à un autre de ma chambre,  le bourdonnement continuel, incessant, entêtant de la bête m’irritait de plus en plus. Je commençais à la chasser de la main . Seulement la mouche entêtée ne comprenait pas. Provocante, elle butinait autours de moi. Alors, je commençais à lui jeter n’importe quel livre qui me passait sous la main. Elle les esquiva, puis, sous le coups de mes injures, elle revînt d’où elle était venue. 








Concours des Arts Décoratifs Paris, mon expérience PART1

Vendredi 17 février 2017.
14h.
Je suis à ma prépa.
Autour de moi, tout le monde regarde le site de l'ENSAD. J'entend le clic des ordinateurs et vois les doigts des iPhone réactualisant la page.
Le sujet d'admissibilité tombe.  Un étudiant crie.

" Ce qui ne peut être vu" !!! "C'est le sujet"!

Je n'ai jamais d'idée du premier coup. Comme à mon habitude, j'écris le sujet sur mon cahier A5. Je note tout ce qui m'y fait penser.
"Fantôme", "microbes", "l'homme invisible", "sous-vêtement"....
Je raille tout ce que j'ai écrit. J'arrache la page.
1h. 2h. 3h... je ne trouve toujours rien.
Je parle avec les gens autours de moi. On s'échange nos débuts d'idées. Nous en avons beaucoup en communs. Aucune ne sort du lot. Je pars. Je décide de rentrer chez moi.

Dimanche 19.
J'ai recommencé 2 fois.
J'ai envie d'abandonner.
12h.
Dans le bus, je répond à mes sms, je like des photos Instagram, je lis les articles de l'application du Figaro. "L'affaire Fillon, ça avance" !
Personne n'a vu  Pénélope,l'épouse de l'ancien premier ministre une seule fois à l'assemblée nationale. Mais elle a été payée pour un travail d'attachée parlementaire. "VOLEUR"! C'est le mot qui sort de la bouche des français.
On a jamais vu Pénélope. Ça entre dans le sujet. Enfin, je commence à travailler.

Deux jours d'affilés, je me couche à deux heures. Je fais tout pour rattraper mon retard...

Mardi 21.
J'ai fini les cinq planches. Je suis soulagée. Je montre mon travail à Marion, ma prof. Elle commente mon travail avec enthousiasme. Je suis rassurée.
Je vais déposer mon travail et mon dossier rue d'Ulhm. J'imagine mon nom sur la liste des reçus. Je m'imagine étudiant dans cette école. Je prie pour être prise. Je prie pour ne pas tomber sur des correcteurs pro-Fillon.

Quelques semaine plus tard.
Clémence m'appelle : "Meuf, on est admissible"!

À suivre...

(mon travail pour la pré-sélection de l'ENSAD se trouve dans l'article précédent)







mardi 21 février 2017

À LA RECHERCHE DES ATTACHÉS PARLEMENTAIRES...


À l’Assemblée Nationale, personne ne les avait jamais vus. On prétend qu’ils n’y ont jamais travaillé. On les a cherchés dans les moindres recoins. Pourtant ils y ont gagné plusieurs centaines de milliers d’euros. Sauriez-vous trouver les employés fictifs de François Fillon ?

J’ai choisi de présenter mes illustrations à la manière d’une bande annonce de film. Avec une progression dans les images. De l’extérieur du bâtiment jusqu’à l’intérieur d’une pièce. Puis, enfin l’apparition des protagonistes visibles et non-visibles. J’ai ajouté à mes dessins des textes comme si c’était le son de la bande annonce. Dans le même esprit que les films policiers, mon texte joue sur l’énigme et le suspens. 

Pour accentuer ce côté «cinéma», j’ai opté pour un style de dessin réaliste. J’ai donc utilisé un marqueur noir à la pointe très fine pour accentuer les détails. Je voulais créer une ambiance froide et mystérieuse comme s’il s’agissait d’une disparition. C’est la raison pour laquelle j’ai pris parti de travailler en noir et blanc.






lundi 13 février 2017

06 55 77 99 00



« 06 55 77 99 00 » ; c’est un numéro de téléphone.  On peut donc joindre une personne juste en composant ce numéro. Seulement aujourd’hui avec un téléphone, nous ne sommes pas limités à appeler un correspondant. On envoie des messages, on va sur internet, on a l’heure, on peut faire des photos, on a des applications de sport…etc. Le téléphone est complètement détourné de sa fonction première. J’ai donc réfléchi à un autre moyen de le détourner , au point que sa fonction première disparaisse complètement.  Existant des téléphone à « la mode », pourquoi alors le téléphone ne serait pas «  dans la mode » ? C’est à dire le téléphone au même titre qu’un tissu ou une matière deviendrait un élément visible sur les défilés de mode lors des fashion weeks.



En m’appuyant sur l’esthétique d’anciens téléphone, j’ai travaillé sur le rapport du téléphone au corps.  Des téléphones  ou des câbles de téléphones éparpillés sur un corps, le téléphone devenant des épaulières , un cache sein ou encore se transformant complètement en accessoire tel qu’un sac. J’ai mélangé cela  à des éléments contemporains et urbains comme si le téléphone pouvait être présent dans les villes ailleurs que dans les mains de ses propriétaires.

Pour ce travail, j’ai utilisé  du crayon à papier , des marqueurs à huile ainsi que des crayons de couleur. 



jeudi 9 février 2017

DESSIN DE MODE












UNIFORMES REVISITÉS












COMMUNAUTÉ


COMMUNAUTÉ :  LES MASQUES


"Les masques" est un travail d'illustration dont le thème est l'hypocrisie au sein d'une famille. J'ai ainsi repris des photos à l'esthétique des traditionnelles photos de famille. J'ai donc mis l'accent sur des visages sans expressions dépourvus de toutes émotions. Comme si personne n'était censé montrer ce qu'il pense en famille afin de préserver les bonnes relations... 

Format 20*20 cm
Technique: crayon de couleur et marqueur noir




Mon frère marche devant moi. Je le suis d’un pas nonchalant. Il doit me traîner. Il doit me tirer. Je fais tout pour le ralentir. Je veux arriver le plus tard possible.Il me regarde en soupirant. Et sur un ton légèrement agacé, il me dit d’arrêter de me plaindre, de ne pas parler des sujets qui fâchent et de sourire. Car le sourire est la clé d’une soirée cordiale. Et personne n’aime être fâché contre quelqu’un. Surtout quand il s’agit de sa famille.  

Nous arrivons. La maison paraît toujours aussi inutilement grande. Il y a une voiture devant. Elle est neuve. Comme si elle était exposée. Comme si elle était posée là pour qu’on la regarde. Je sonne à la porte. On m’ouvre. C’est ma tante. Elle a un nouveau foulard, elle a mis du rouge à lèvres, elle s’est lissée les cheveux et elle me le fait remarquer. Elle me demande ce que j’en pense. Et, avant que je puisse répondre, elle me glisse une gentillesse. Elle s’attend à ce que je la complimente, je le sais. Ça fait maintenant plusieurs années qu’elle me fait des politesses pour que je lui rende la pareille. C’est un rituel entre nous. Je lui dit alors qu’elle est belle. Je n’en pense pas un mot.

***


Mon oncle nous rejoint. Il est souriant, affable, serviable. Il m’embrasse. Il me dit que j’ai grandi, comme toutes les années. Seulement, depuis trois ans, je ne prends plus un centimètre. Comme toujours, il m’invite au salon pour rejoindre le reste de la famille. Il sert du café, il propose des apéritifs, il parle d’art et de politique…ou du moins, il croit en parler. Il nous présente un tableau, acheté…chez Ikea !



Comme chaque année, il y a une table pour les enfants et une table pour les adultes. Et, considérée de la même manière qu’à mes huit ans, je suis évidemment assise avec «les enfants». Aussi jeune que je suis, je ne suis pas censée savoir que le milieu social influence les résultats scolaires et je ne suis pas apte à juger qui de Fillon, Macron ou Hamont fera un meilleur président…Ainsi, j’écoute les conversations de mes trois cousines sans grand intérêt.  S. a quitté son copain pour la troisième fois mais elle l’aime toujours. Elle me dit que c’est compliqué. J. a découvert un nouveau site de chaussures en ligne. À ce qu’il paraît, il est génial. M. a changé de manucure. Le rose lui va mieux que le bleu… 
À l’autre bout de la table, mon frère me regarde. Il me fait comprendre qu’il s’ennuie. Il mime des animaux pour me faire rire. Je souris. Par le langage que nous avons inventé, il me fait comprendre que S. l’agace et qu’elle est vêtue n’importe comment. Je ris. Puis, toujours par notre code, il me dit: «T’es moche» ! Je ne ris plus. Je lui lance un regard noir. Puis je finis par m’amuser de son ironique méchanceté. 

Mon oncle nous sert le repas. C’est lui qui a cuisiné.  Il y a un apéritif, une entrée, un plat et un dessert. Et comme tous les ans, je n’ai plus faim dès l’entrée. Je me force alors à manger. Le repas est riche; il en devient écoeurant. Je me force à manger jusqu’à que je n’en puis plus. Mon oncle me ressert malgré moi. Il veut me faire goûter à tout ce qu’il a cuisiné. Je lui dit que c’est délicieux, qu’il est doué. Il ne s’arrête pas. Je sens les aliments qui remontent dans mon oesophage. Je mets ma main devant la bouche. Je dois quitter la pièce… 


***

Enfin, arrive le temps des « au revoirs » qui, aussi longtemps que je me souvienne, durent des heures. On se souhaite des réussites, des bons voeux qui ressemblent cependant plus à une habituelle et lassante politesse qu’à des encouragements. «J’espère que tu réussiras ton Baccalauréat » ! « Pourvu que tu guérisses vite de ton rhume!», «Mes amitiés au petit copain!». J’acquiesce à tout sans pour autant leur renvoyer leurs hypocrisies. Seulement, j’ai déjà eu mon Bac, je ne suis pas malade et je suis célibataire. J’hésite à le leur dire. Ils ne m’auraient pas écouté. Alors, je me tais. 
Arrive  ensuite la série de bises. S'en dégage un mélanges d’odeurs de peaux transpirantes, de trop plein de parfums mêlés à celle de la cigarette. 


Je passe la porte suivi de mon frère. Je le traîne, je le tire. Je veux partir le plus vite possible. Je respire enfin… jusqu’à l’année prochaine. 

                                                                              ***